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 001 - Résumé de l'histoire

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Chris Mendoza Fitzgerald
Prince de Noriega
Chris Mendoza Fitzgerald


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MessageSujet: 001 - Résumé de l'histoire   001 - Résumé de l'histoire EmptyDim 8 Déc - 6:59

L'histoire de Gabriel commence comme celle de n'importe quelle autre gosse, à Miami, le 22 août 1978. Enfant unique, il grandissait bercé par les leçons d'un vieil homme, un ancien business-man et patron de casino ; son grand-père, ainsi que sous les coups frénétiques et réguliers de son père William McAllister qui avait une idée bien précise de l'éducation de son fils. Sa mère n'osa jamais lever le petit doigt, sans doute que l'instinct maternel n'est pas développé de la même façon selon les femmes.

AVRIL 1985
Entrepôt reculé aux abords de Miami.
« Reviens ici petite pourriture ! Ou je te jure que je vais te crever ! »

Le souffle court, Gabriel, 6 ans, courait comme un dératé à travers le vieil entrepôt. Ce lieu, il le connaissait. Du moins, il en connaissait la façade. « Reste dans la voiture » était l'ordre intimé par son père chaque fois qu'il devait s'y rendre après être passé chercher son fils à l'école. Terrifié par la voix à faire trembler les murs du paternel, le petit garçon s'était toujours contenté de se coller aux vitres teintées du 4x4 et d'essayer d'apercevoir les visages fermés des hommes qui allaient et venaient. Toujours, jusqu'à aujourd'hui. La curiosité avait été plus forte.

Se faufiler à l'intérieur par la porte de derrière qu'il avait remarqué des semaines auparavant n'avait pas été une bonne idée. Pas plus que d'ouvrir l'une des caisses qui jonchaient l'entrepôt, et encore moins de s'emparer d'une des armes dont elle était remplie.

Un fusil à canon scié serré contre son corps, il bifurqua dans une nouvelle sombre allée de caisses. La voix de son père sur ses talons résonnait sur les murs et la peur lui nouait les entrailles. Elle parvint à son paroxysme lorsqu'il s'aperçut avec horreur qu'il était arrivé dans un cul-de-sac. Il n'avait aucune chance. Aucune issue. Dans un sursaut, le petit garçon fit volte-face, la crosse de l'arme calée contre son ventre et le canon braqué face à lui, sur son père qui avait pilé net.

Le père et le fils se toisèrent, le premier analysant la terreur dans les grands yeux bleus du second. Un sourire frondeur fendit ses lèvres.

« Tu vas faire quoi maintenant Gabriel ? » Il fit un pas supplémentaire en avant, puis un second. « Tu vas tirer sur ton propre père ? »

Gabriel secoua farouchement la tête en collant encore un plus son dos au mur. Il n'avait pas voulu voler l'arme, juste voir comment ça faisait. Maintenant qu'il y était, c'était lourd, et ses petites mains tremblaient, agrippées à l'arme comme seule chance de survie.

« Donne moi ça. »

William était quasiment sur lui, le bras tendu vers l'avant. Il eut un instant d'hésitation, son père lui, n'hésita pas. Tout à coup, il fondit sur lui. Terrorisé, Gabriel ferma hermétiquement les yeux et laissa son index presser la détente.

Il y eut un clic, l'arme se volatilisa de ses mains. Il rouvrit ses paupières juste à temps pour lire la rage dans le regard de William, mais pas assez rapidement pour esquiver la crosse du fusil. Il sentit sa pommette éclater sous la puissance démesurée du coup et le reste de son corps suivre le mouvement, l'entrainant à terre dans une semi-conscience teintée de douleur.


Les 4 années suivantes ressemblèrent aux autres. Gabriel apprit rapidement à ne plus pleurer, à faire face à la douleur. Le sentiment d'injustice qu'il ressentait depuis toujours se mua en rage et la rage accompagna la compréhension instinctive qu'il n'y avait pas de place pour les faibles. Malgré ses résultats scolaires excellents, ses professeurs déploraient son coté taciturne. A seulement 10 ans, Gabriel s'était forgé une improbable carapace. C'est également à 10 ans qu'elle céda, lorsque sa mère mit au monde son petit frère.

Leur première rencontre à l'hôpital avait été très brève, et Gabriel n'en gardait pas un souvenir mémorable. Il s'attendait à avoir un vrai petit frère livré sur commande. Un à qui il pourrait apprendre des trucs et raconter que leur père était un trafiquant d'armes. Au lieu de ça, il s'était retrouvé face à un petit être fragile qui ne servait à rien. Rien à part pleurer, dormir et baver. Comment est-ce que ce truc là allait bien pouvoir devenir assez fort et survivre dans la fosse au lion qu'il avait toujours connu ? Même s'il avait voulu, avec ses bras et ses jambes rikikis, et son absence de cheveux, il n'allait pas impressionner grand monde.

Voilà comment Andrew McAllister, nourrisson d'à peine quelques jours, avait convaincu son grand-frère de veiller sur sa petit bouille rose et joufflue « en attendant qu'il sache le faire tout seul ».

Pas une fois William ne leva la main sur le cadet. Oubli volontaire ou impossibilité physique de le faire, étant donné que Gabriel se plaçait systématiquement entre les deux dès que le ton montait ? Gabriel ne le sut pas. Pas immédiatement en tout cas.

A l'aube de ses 13 ans, Gabriel commença à montrer les crocs. Les séances de torture physiques s'espacèrent, jusqu'à s'arrêter complètement. Il était trop tard pour l'aîné. Il était abimé, avait développé un caractère instable et violent contre lequel il luttait chaque jour. La présence de son petit frère était son garde-fou. Il ne deviendrait pas comme lui... pas comme eux.

NOVEMBRE 1994
Jackson Memorial Hospital
Isabel Munroe relisait machinalement ses notes. Depuis que ces deux gosses avaient été admis au Jackson Memorial Hospital suite à une bête chute au bord d'un chemin, leur dossier était passé entre les mains du médecin, puis du radiologue pour finir dans les siennes.

La mince et pâle rouquine, s'assit sur une chaise à côté du patient.

« Bonjour Gabriel. »
L’intéressé ne bougeait pas d'un iota. Seuls ses yeux la fixaient intensément.
« Vous êtes qui vous ? »
« Je m'appelle Isabel Munroe, je suis là pour vous aider ton frère et toi. »
« Dégagez. »
« Gabriel s'il te plait... »
« Je vous ai dis de dégager ! J'ai pas besoin de voir une psy à la con ! »
« Je ne suis pas psychiatre, je suis assistante sociale. Mon rôle est d'aider les familles à régler leurs problèmes. »
« Le problème Isabel, c'est que depuis que je suis coincé ici, personne ne m'a laissé voir mon frère ! Alors si vous voulez me rendre service, allez le chercher ! »
« Ton frère est en isolement dans la section pédiatrie. Il est en sécurité, tu n'as pas à t'en faire pour lui, tu pourras le voir très bientôt. » Elle avait touché une corde sensible. Prête à s’engouffrer dans la moindre faille présente dans le bloc de glace de 16 ans qui la dévisageait avec fureur, elle poursuivit. « Tu aimes ton frère ? »
Il leva les yeux au ciel, exaspéré par le niveau de connerie abyssale de la question.
« Évidemment. »
Enfin, elle obtenait une réponse qui ne soit pas une agression.
« C'est pour ça que tu le protèges autant ? »
« Il allait tomber dans le trou, il s'est cramponné à moi, j'ai perdu l'équilibre et je l'ai poussé sur le côté pour pas qu'il tombe avec moi. Y a rien d'héroïque là dedans. »
« Je ne parle pas du trou. » précisa doucement Isabel.
« Et bien moi oui. »
L'assistante sociale était effarée. Elle avait eut affaire à des ados fugueurs, à des drogués, certains dans le cas de Gabriel mettaient leur bourreau sur un piédestal et refusaient de le trahir, pourtant il y avait toujours au moins une hésitation. Là, il n'y avait rien à part une détermination hallucinante.
Sans se laisser intimider par la répartie cinglante de l'adolescent, Miss Munroe recala ses document sur ses genoux.
« Tes radios indiquent que tu as reçu de nombreuses blessures. Plus d'une quinzaine de fractures notamment, sans parler des blessures que tu portes sur le corps. »
« Et alors ? Elle sont anciennes, non ? J'ai toujours été casse-cou, vous en avez bien la preuve, sinon je serais pas là. »
« Honnêtement Gabriel, j'ai du mal à voir comment tu aurais pu t'infliger tout ça à toi même. »

Non Isabel Munroe ne voyait pas comment un adolescent de 16 ans pouvait justifier des blessures telles que :


    - Le cubitus et le radius présentant de multiples fractures apparentés à des marques défensives contre un objet contondant type « batte de baseball ».- Multiples lacérations sur les omoplates. Les cicatrices indiquent une arme type « ceinture de cuir ». - Présence d'une cicatrice de 3 cm de long sur l'avant-bras droit, témoignant d'une fracture ouverte. L'humérus a été tordu jusqu'à la rupture.- Présence d'une cicatrice de 7 mm en dessous de l'arcade sourcilière présentant toutes les caractéristiques d'une blessure par objet contondant encore indéfini.- Brûlure circulaire de 5cm sur l'épaule droite, la cautérisation présente sur la cicatrice indique que l'arme devait être chauffée à blanc ».


Et celle-ci était récente : « Impacts multiples sur la poitrine pouvant résulter de l'usage d'un pistolet à grenailles ».


Ce fut le pistolet à grenailles – une bête erreur d'Andy qui l'avait chipé dans le sac de leur mère – qui attira l'attention des autorités sur les McAllister. Et c'est aussi grâce à elles que les deux frères ne furent pas placés en familles d'accueil. L'inspecteur chargé de l'enquête était le meilleur ami de William McAllister, accessoirement ripou et au courant que ce dernier agissait pour le compte d'une importante famille sicilienne, figure du crime organisé implantée à Miami depuis des années. Le pistolet incriminé disparu, et les services sociaux trouvèrent plus intéressants de venir en aide à d'autres familles aux relations moins dangereuses. Pour la première fois suite à cette affaire, Gabriel, lui, rencontra l'un des « amis » de son père.

Les deux années suivantes, Gabriel passa la plupart de son temps libre à l'entrepôt où se déroulait les échanges. Il apprit à différencier le poids d'une arme, chargée, à vide. La vitesse d'une balle, le potentiel de destruction des différents calibres. Lui-même avait un faible pour les berettas, mais les colts lui allaient mieux. Ils compensaient son léger déséquilibre sur la droite. William McAllister ne voyait pas d'un très bon œil l'arrivée de son fils dans son business, mais il travaillait pour la famille Visconti, et lui comme son fils, avaient conscience qu'aussi cruels puissent-ils être, les mafieux n'appréciaient pas qu'un des leurs cogne sur ses propres enfants... hors son aîné leur avait tapé dans l'œil.

Vint le temps des études. Gabriel dirigea son choix sur une prestigieuse université de Washington. Brillant et consciencieux comme dans son apprentissage des armes, il grimpa en flèches les échelons et se démarqua de part l'ambition, la passion et l'investissement exceptionnel qu'il vouait à son travail. La politique le fascinait. Le pouvoir qui s'en émanait l'attirait. Mais tout n'est pas aussi simple. Un beau jour sa mère l'appela en panique alors qu'il était sur le chemin du retour à Miami pour les fêtes de fin d'année.

Lorsque Gabriel arriva à la maison familiale, il était trop tard. Son petit-frère de 13 ans gisait sur le carrelage de la cuisine, le crâne réduit en bouillie par William. Imbibé d'alcool, il avait passé ses nerfs sur le cadet dans un violent accès de rage. Celle qui bouillonnait silencieusement en Gabriel depuis des année explosa et il se jeta sur son père afin de lui faire subir le même sort. Il faillit le tuer, et le laissa d'ailleurs pour mort avant de s'écrouler silencieusement à côté du corps inanimé de son frère. Ce soir-là, ce ne fut pas la police qui découvrit l'homicide et l'agression qui avait suivie, mais la mafia sicilienne. Dans un réflexe de survie, Gabriel avait fait appel à eux plutôt qu'aux autorités. C'était quitte ou double. Ils le tueraient pour avoir quasiment mit à mort son propre père, ou écouteraient sa version de l'histoire et l'aideraient. Ils l'aidèrent, et il écopa d'une dette à vie envers la famille Visconti. En quelques heures, un autre homme, un pauvre alcoolo du quartier fut désigné pour répondre des deux crimes et fut arrêté, puis condamné à tort à la prison à perpétuité.

8 ans plus tard, Miami...
Les sifflets de joie résonnaient à travers les bureaux. Sénateur démocrate de Floride. Gabriel McAllister, Sénateur démocrate de Floride. Après une campagne acharnée, l'homme fêtait sa victoire en compagnie de toute son équipe et plus particulièrement de sa directrice de campagne Bevin Hills.

« Tu as été remarquable. »
Gabriel ne félicitait pas souvent son personnel, mais cette femme était au moins aussi acharnée que lui. Ensemble, ils avaient menés des mois de campagne éreintante, fait taire les innombrables rumeurs sur la famille du sénateur. Ils avaient menti, contourné, détournée, enjolivée la vérité, fait valoir les idéaux politique du candidat aux élections et défendus ses opinons contre ses détracteurs. La victoire avait le goût du champagne et de la suprématie.
« Tu n'as pas été mauvais non plus. » rétorqua t-elle malicieusement en trinquant avec son client. « D'ailleurs, je me demande où est Roscoe. Il ne manque jamais une occasion de faire la fête d'habitude. »
Le brun sourit en promenant un regard victorieux sur ses nouveaux quartiers sénatoriaux.
« Il a dû croiser une fille en route, il ne va plus tarder. »


Depuis la mort de son frère, l'ambition était devenue la nouvelle drogue de Gabriel. Son désir de puissance, son nouveau garde-fou. De la victime, il était devenu un homme si non aimé, craint et respecté par tous. La mafia n'avait plus reparu dans sa vie, attendant sans doute le moment propice. Le Sénateur était un homme accompli. Il était le rêve américain, le rejeton d'une famille brisée qui n'avait jamais baissé les bras. A 30 ans, Gabriel était un homme comblé. Seul, froid, injuste et qui avait usé des plus viles stratagèmes pour se débarrasser de ses adversaires... mais dans l'aquarium, seuls les requins font loi.

Dix jours après son triomphe, un petit groupe de militants écologistes dirigé par Romain Parker déboula littéralement dans son bureau pour faire comprendre au sénateur qu'il manquait à son programme un bon paquet de points en faveur de Dame Nature. Après une brève confrontation, Gabriel reconnu le jeune homme. Il s'agissait d'un petit néo-zélandais, neveu d'un ami de ses parents. Il l'avait croisé plusieurs fois au cours de sa vie, au fil des caprices du Destin. Enfant, adolescent, et même l'année de ses 24 ans... année où ils avaient tout les deux passé un été torride, et ceux malgré le jeune âge de Romain de 10 ans son cadet.

21 JANVIER 2008
Bureau de Gabriel
Il était tard. Trop tard pour un entretien d'embauche. Pourtant les deux hommes se faisaient face, seulement séparés par le bureau et une tension sexuelle à couper au couteau.
D'un geste volontairement distant, le sénateur fit glisser le contrat d'embauche en tant que stagiaire consultant en direction de Romain.
« Je vous laisse relire. J'ai besoin d'un café. »
« Vous ne me vouvoyiez pas à une certaine époque. » remarqua innocemment son vis-à-vis tandis qu'il se levait pour terminer la cafetière qui par miracle, lui avait tenue la journée.
« A une certaine époque je n'étais pas encore sénateur. » Gabriel marqua une pause et fit le tour du bureau comme pour lire le contrat derrière l'épaule de Romain. Il se pencha vers lui et ajouta plus bas. « Et je ne couche jamais avec mes employés. »
Aussitôt, son écolo préféré se leva également de sa chaise, fit volte-face puis appuya ses fesses rebondies sur le bureau dans une pose sensuelle digne d'une jeune secrétaire alanguie.
« Oh vraiment ? » provocateur, il attrapa la cravate de son futur patron et il joua quelques instants avec.
Fallait-il que Gabriel soit faible pour que ce gosse d'une vingtaine d'année lui fasse autant d'effet. Lui qui gardait un contrôle absolu sur chaque élément de sa vie depuis 8 ans, fit valdinguer la chaise sur le coté et se jeta sur Romain, s'emparant de son corps avec passion.
« Je croyais que vous ne couchiez jamais avec vos employés. » susurra une petite voix taquine entre deux baisers effrénés.
« La ferme. » grogna le sénateur en lui arrachant sa chemise. « T'as pas encore signé le contrat. »


Évidemment, la signature du contrat fut bien loin de mettre un terme à leur relation. Une passion physique irraisonnée liait intimement Gabriel à Romain. Ce n'était pas seulement l'histoire d'un homme qui oublie ses problèmes le temps d'une nuit dans les bras sensuels d'une maîtresse. Trop facile. Mais Gabriel n'était pas seulement un homme endurcit et aigrit, il était également téméraire.  A aucun moment, il ne tenta de se dérober de cette idylle naissante. Pas même lorsqu'il tomba amoureux de Romain, de chacun de ses sourires, de ses moues parfois lointaines et mélancoliques.

Malgré des hauts et des bas, Gabriel vécu la passion pleinement. Et c'est en mai 2008 que pour la première fois de sa vie, il ressentit l'impuissance d'un chagrin d'amour. Romain avait tout bonnement disparu de sa vie sans y laisser d'autre trace qu'un vide insoutenable. Ce fut une voisine qui apprit au sénateur que son amant avait fait ses valises et décollé pour l'Inde. Une seule question demeurait : Pourquoi ? Un mois plus tard, la réponse s'avançait sur le seuil de son bureau sous le nom de Sohan.

Lorsqu'il vit Sohan pour la première fois, le cœur de Gabriel fit un bond dans sa poitrine. Un bond de rancœur, d'incompréhension et de joie mélangée. Sous ce patronyme indien se cachait son Romain. Un nombre impressionnant de tatouages au henné marquaient son corps, sa tenue n'avait plus rien non plus d'occidentale mais le seul homme pour qui son cœur avait battu se tenait de nouveau face à lui. Ce jour-là, Gabriel écouta Romain lui faire une véritable déclaration d'amour tout en le suppliant de repartir avec lui en Inde. Selon lui, leurs destins étaient liés, il en avait pour preuve leurs rencontres éparpillées au cours de leurs vies avant de s'être trouvés enfin. Un homme là-bas en Inde, lui avait apprit l'Amour, et à son tour il venait l'enseigner à son âme-soeur. Hermétique à toutes « ces conneries de hippies » Gabriel resta de marbre et ne céda pas un pouce de terrain. Néanmoins, il n'en était pas moins inquiet et désespérément amoureux...

25 JUIN 2008
Aéroport de Miami
L'aéroport était bondé. Heureusement, Romain lui avait donné rendez vous devant, et non pas à l'intérieur. Sans réellement s'attarder sur leurs visages, Gabriel observait d'un air absent le flot inlassable des voyageurs sur le point de partir ou de retour chez eux, toute son attention dévolue à son objectif : persuader Romain de rester à Miami. Pour cela, il était en train de se rabâcher pour la cinquantième fois l'un des nombreux speech qu'il avait préparé pour faire le faire plier. Son regard croisa celui de son amant, descendant d'un bus fraîchement arrivé. Le brun aurait pu fondre juste là comme ça, devant le sourire radieux qui illumina le visage de Romain, mais il se reprit à temps et le retint quand celui-ci pressa son corps contre le sien et approcha son visage pour l'embrasser.

« Reste. » dit simplement Gabriel, subitement à court de mots. Tant pis pour le speech.
Il vit la déception se peindre sur les traits du jeune homme alors qu'il réalisait la véritable raison de sa venue. Il secoua la tête et lui répondit pourtant avec douceur.
« Non, toi suis moi. »
« Je ne peux pas. Tu le sais. »
« Tu le peux, Gabriel. Tu peux au moins essayer. Nous laisser une chance. » implora Romain une dernière fois.

Et Gabriel sut alors. Il sut qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis. Mais il ne pouvait pas non plus le laisser repartir seul. S'il était capable de se faire une nouvelle fois violence au cœur pour le laisser vivre sa vie comme il l'entendait, il ne pouvait pas en revanche, se résoudre à le livrer aux mains d'une communauté dont il ne savait quasiment rien malgré trois jours d'investigations de ses services de renseignements. Alors, poussé par une pulsion qu'il aurait bien le temps de regretter plus tard, il saisit Romain par les épaules, ancra un regard déterminé dans le sien et dit très sérieusement :

« Une demi heure. Accorde moi une demi heure pour me défaire de mes obligations et prévenir mon équipe, et je nous accorderai une semaine pour voir où cette chance peut nous mener. »


Le piège le plus abjecte de sa vie venait de se refermer sur lui. Surplace, Gabriel fut manipulé, envouté et drogué par Romain – ou plutôt Sohan. Il n'existait aucun autre moyen de faire plier l'inflexibilité d'esprit du sénateur McAllister. Dans un état lamentable, il devint une cible facile pour Baba, le chef spirituel des lieux, et de Shemar, son bras droit. Ceux-ci étaient avides d'étendre leur culte grâce à la fortune et à l'influence de l'homme politique qu'ils tenaient sous leur dextre par le biais de Romain.

2 JUILLET 2008
Dans un ashram en Inde
Un sursaut agita le corps épuisé de Gabriel qui s'éveilla tout à coup comme au sortir d'un mauvais rêve. Il se redressa brusquement dans son lit et retint un feulement de souffrance. Une douleur brûlante au niveau du cœur lui fit baisser les yeux et découvrir un tatouage récemment gravé dans sa chair. Les yeux écarquillés de stupeur, Gabriel l'observa un moment en réactivant à toute vitesse les rouages de son cerveau. Il était en Inde... Ça il s'en souvenait. Depuis combien de temps ? Aucune idée. Putain, depuis combien de temps il était là ? Et Romain ? Il tourna la tête sur le côté. Ouf... Il était là, endormit à ses côtés. Il se passa une main sur le visage pour chasser la fatigue, se faufila hors du lit et attrapa un pantalon. Il avait besoin d'air, les relents de cannabis qui imprégnait les murs de la pièce lui donnait envie de vomir.

A peine sortit de la chambre, le brun tomba nez à nez avec Shemar Rama. C'est là que le temps semble étirer en votre défaveur et que prendre un air décontracté, même pour un comédien tel que Gabriel, devient une véritable épreuve.
« Shemar... » Il secoua la tête. « Ça fait combien de temps que je ne suis pas sorti de cette chambre ? »
« Tu ne te souviens pas ? » Il étouffa un rire et serra doucement l'épaule de Gabriel. « Durjaya, tu as fêté tes noces avec trop d'entrain. »
Durjaya ?... Le brun fronça les sourcils en quête de souvenirs. Des flashs éparses lui revenaient. Il savait ce qu'il s'était passé sans réussir à en saisir le déroulement. C'était comme essayer de reconstituer un puzzle tout en ayant la certitude que l'aboutissement n'en serait que plus négatif.
« Je... Oui tu as raison. » bredouilla t-il en esquissant un pâle sourire. « Je vais aller réveiller Sohan. »
Shemar  lui lança un drôle de regard, puis il se décida à lui rendre son sourire avant de reprendre sa route.
Retour dans la pénombre de la chambre nuptiale. D'un pas pressé cette fois, il tenta de réveiller Romain. Un demi-succès. Le jeune homme lui répondit par un grognement. Gabriel persista.
« Il faut qu'on s'en aille. Lève-toi ! »
De mauvaise grâce, son amant daigna bouger, mais il était complètement stone.
« Où m'emmène-tu Durjaya ? » demanda t-il alors que le sénateur l'aidait à s'habiller.
Ce dernier riva ses yeux bleu glace dans ceux gonflés de fatigue de Romain.
« Je suis ton mari Sohan, tu dois me faire confiance. » De sa grande main, il lui caressa affectueusement la joue. « Tu as confiance en moi mon ange ? »
Un doux sourire lui répondit, et à son tour, le jeune homme posa sa main sur la mâchoire du brun, caressant sa barbe hirsute.
« Je te confierais ma vie les yeux fermés. »
Pris d'une impulsion, Gabriel se pencha en avant et l'embrassa passionnément. Il entoura le visage de son amant et l'attira encore davantage à lui, sentant les mains de Romain agripper ses épaules et sa bouche s'ouvrir sous la sienne. C'était un baiser entremêlé de courage et de frayeur, mais cela ne faisait qu'accroître chaque sensation. A regret, il le relâcha au bout de quelques longues secondes et ils échangèrent un regard. Gabriel lui prit la main et la serra fortement dans la sienne.
« Alors suis-moi. »
Gabriel remercia le dernier rempart de son esprit qui l'avait poussé à ne pas se débarrasser de son cellulaire et de son colt. Alors qu'il s'était élancé dans les couloirs avec Romain, il contacta Daryl, son assistant personnel et seul homme à savoir où se trouvait le sénateur, avec qui, et pourquoi. Dans les minutes à venir, un jet serait affrété pour venir les chercher. Ils devaient sortir de là. S'enfuir et se rendre au point de rendez-vous.
« Vous nous quittez déjà ? »
Gabriel pila, et se plaça instinctivement devant Romain. A la sortie de l'Ashram se tenait Shemar, leur barrant la route.
« Laisse nous partir. »
L'indien se décolla du mur contre lequel il était adossé et glissa un flingue de sous sa veste.
« Je dois l'admettre, je suis impressionné par autant de détermination. Une fois drogués et envoutés, rares sont les adeptes qui trouvent encore la force de retourner vers les ténèbres. »
« Les ténèbres ? » s'écria Gabriel « Parce que vous pratiquez l'ironie en plus de séquestrer les gens ? L'amour, l'espoir, la rédemption ? Vous vous clamez les défenseurs de ces idéaux ? Vous les piétinez sans aucun scrupule ! » Souplement, il attrapa de sa main libre son colt coincé dans son dos, et le braqua vers Shemar. « Maintenant dégage ! »
« Je n'en ferais rien et tu le sais. » A son tour, il pointa son revolver d'abord sur Gabriel... « Si tu ne rejoins pas notre cause, alors tu deviens une menace pour nous. » … puis sur Romain qui venait de faire un pas de côté pour assister à la scène. « Sa lumière nous appartient. »
Le sang de Gabriel ne fit qu'un tour, sa réaction elle, fut fulgurante, instinctive.
Il y eut un coup de feu, un cri.
« Durjaya ! Qu'est-ce...qu'est-ce que tu as fais ?... »
Les mêmes gestes répétés des centaines de fois dans l'entrepôt. Démonter, remonter une arme, connaître son poids, chargée, à vide, garder toujours les deux yeux ouverts, appuyer sur la gâchette... Son bras avait eut la précision d'un chirurgien. Shemar quant à lui, s'était écroulé sans vie, un halo de sang s'élargissant autour de son cadavre.
Sans plus d'un regard pour s'assurer que cet enfoiré était bien mort, Gabriel enjamba le corps en trainant Romain derrière lui.
« On s'en va. »


Hélas la fuite ne résolut pas tout. L'esprit de Romain, profondément conditionné, était resté là-bas en Inde, sous l'emprise de Baba. Durant 3 jours, Gabriel le maintint captif dans une maison perdue au milieu des Everglades. Au terme d'un sevrage aux allures de combat, aussi destructeur pour l'un que pour l'autre, Romain revint à la raison. Enfin, il confia à Gabriel la réponse qu'il attendait depuis le mois de mai. Pourquoi Romain était-il parti ?

Cette fameuse réponse se trouvait dans le journal intime du jeune homme. Au travers des pages marquées parfois par les larmes, son amant relatait un passé sexuel plus que hard. Tourné, violé et battu, celui qu'il appelait « son ange » avait prit plaisir à être traité en vulgaire objet sexuel. Soumis à l'extrême, ouvrir ses cuisses à tous les potes de son précédent petit-ami relevait du plaisir plus que du devoir. Difficilement, le sénateur encaissa le choc. Ils avaient tout deux faillit y passer parce qu'il sortait avec une pute qui ne s'assumait plus tellement après l'avoir rencontré... Du moins dans la colère, c'est ainsi qu'il prit la chose.

Gabriel passa les mois suivants à reconstruire tout ce que Romain avait brisé dans sa vie. Il reprit les rênes de sa carrière, la mena de front et rénova le casino qu'il avait hérité à la mort de son grand-père. L'Imperial Palace, casino de luxe par excellence vit le jour en plein cœur de Miami et avec lui, la mafia sicilienne attirée par l'odeur des billets verts vint réclamer sa dette, signant le retour du crime organisé dans la vie du sénateur.

Toujours, il gardait un œil sur son petit ami qu'il avait ramené chez lui, l'obligeant à voir un psychiatre. Révolte, souffrance, compassion et colère bataillaient ferme en lui, mais son amour était plus grand. C'est à la fin de l'année, au moment des fêtes de Noël que le sénateur décida de tirer un trait sur ce qu'ils avaient endurés. Comme cadeau de Noël, il lui offrit un nouveau journal et lui demanda de l'épouser.

Ils vécurent heureux comme dans les contes de fées. Les enfants et, sénateur oblige, la liberté de s'afficher librement en couple, en moins. Pendant un an et demi, les deux amants terribles avaient presque trouvés la paix tant sur le plan sentimental que sexuel. Ensemble, ils explorèrent les recoins les plus sulfureux et quelques fois sordides de leur sexualité débridée. La liste de leurs vices et de leurs pratiques ne cessèrent de s'allonger à mesure que Gabriel succombait à son besoin de domination extrême, exutoire à la noirceur tapie au fond de lui, et que Romain cédait à son besoin viscérale de soumission et d'humiliation. Les époux amoureux devenaient dans ces moments Maître et Esclave, et se livraient corps et âmes à des jeux sadomasochistes qui duraient parfois une heure, quelques fois deux heure, et bien souvent le temps d'un weekend.






Et là, Gabriel pourrait vous dire, non sans une ironie mordante, que l'histoire se répète inlassablement. Car en mai 2010, deux ans après la fuite de Romain en Inde, ce dernier disparu à nouveau.

Pendant deux jours, Gabriel retourna ciel et terre à sa recherche sans l'ombre d'un résultat. 48H c'était long, trop long. A bout de nerfs, il fit appel à ses contacts mafieux. Ces derniers lui apprirent que son époux avait été enlevé par un réseau de commerçants d'êtres humains, la vente aurait lieu le soir-même. Vente au terme de laquelle l'heureux propriétaire de Romain aurait le privilège de le mettre à mort dans un snuff-movie. Un snuff movie, une légende urbaine pour certains et une véritable douche glacée pour Gabriel. L'heure suivante et « pistonné » par la famille Visconti, le sénateur faisait officiellement parti des acheteurs. Après avoir enduré un défilé obscène, il acheta Romain pour la bagatelle de 25 millions de dollars. Jamais les enchères n'étaient montées si haut. Qui aurait cru que son bel éphèbe d'époux puisse avoir autant tapé dans l'œil des émirs arabes ?...

Une petite semaine plus tard, encore sous le choc de son enlèvement, le jeune homme ne sortait plus malgré l'escorte permanente que Gabriel lui avait collé au train. C'en était trop pour le sénateur qui l'entraina en boite histoire d'apaiser les tensions. Ce qu'il avait allègrement zappé dans son calcul, c'est que passer la soirée en boite, ça voulait dire faire semblant d'être simplement colocataires. Pas de tendresse, pas de danse ensemble. Il n'en fallait pas moins pour déchainer la colère de Romain qui lui fit payer son cruel manque de discernement en flirtant sous son nez avec un autre homme. Une violente dispute éclata entre les époux. Gabriel n'en revenait pas. Comment pouvait-il être à ce point ingrat ? Romain le ridiculisait alors qu'il venait – encore - de lui sauver la vie ! Une fois n'est pas coutume, le sénateur s'était braqué. Aucun des deux ne céda. Dans une dernière provocation, Romain lui rendit son alliance avant de terminer la soirée ivre mort. Tellement qu'il avait finit par se renverser un magnum de champagne sur le torse alors qu'il dansait sur un podium, obligeant Gabriel à l'en faire descendre et à le ramener à la maison sous le regard médusé de ses propres partisans et investisseurs.

Il était environ 4h du matin quand Gabriel s'endormit sur le sofa, d'une humeur de chien galeux. Et c'est avec environ 4h de sommeil tourmenté dans les pattes qu'il affronta la sonnerie de son téléphone le lendemain matin, lui annonçant l'arrivée de Willa Atkins une... assistante sociale ?

6 JUIN 2010
Fisher Island. Propriété des McAllister
« Connaissez-vous une certaine Gemma Douglas ? » Gabriel  afficha une moue pensive sans trop comprendre toutefois pourquoi ce nom ressortait de son passé, ni pourquoi il en ressortait de la bouche d'une assistante sociale.
« Ce nom me dit effectivement quelque chose. » répondit-il, docile mais dubitatif, puis il précisa : « C'est une femme que j'ai connu lors d'un voyage d'affaire à Phoenix il y a... environ trois ans. »

« Bien. » Elle posa ses mains à plat sur la chemise plastifiée, apparemment satisfaite que Gabriel la replace dans ses souvenirs. Puis elle se racla la gorge et se dandina un peu sur le sofa avant de reprendre la parole d'un ton mesuré : « Tout d'abord, j'ai le regret de vous annoncer que mademoiselle Douglas est décédée. »

Un pincement au cœur saisit Gabriel qui, ne trouvant rien à rétorquer sur l'instant, invita son interlocutrice à poursuivre. Il s'avéra que Gemma avait trouvé la mort suite à un accident de cheval et que c'est à la lumière de son testament que les services sociaux venaient frapper à sa porte en cette belle mâtinée déjà foireuse.

« Je ne sais pas comment vous l'annoncer, sénateur, mais selon le testament de Gemma Douglas, vous seriez probablement le père du petit Samuel, son fils de deux ans. » lâcha finalement Willa d'un air contrit, tout en lui tendant une photographie sortie de son dossier.


Un fils. Il avait un fils. La nouvelle bouleversa totalement le sénateur. Il était un homme d'affaires, politique, médiatique, sortit d'une secte, marié et qui avait affronté les affres d'une relation destructrice. Il s'en était sorti plus fort. Mais père ? Non, il n'était pas un père. Il n'était pas prêt, et il ne savait rien de l'enfant qui avait grandi à son insu en Arizona.

Au fil des semaines pourtant, et grâce à l'aide de son époux, l'adulte et l'enfant s'apprivoisèrent. Avec une infinie tendresse, Romain faisait le lien entre le père et le fils, et Samuel en arrivant dans leur vie, avait scellé le lien entre Romain et Gabriel. Désormais, ils n'étaient plus seulement un couple, ils étaient parents. Ils étaient une famille.

Bordel ! Une famille...

En 2010, à la fin des vacances d'été, l'évidence frappa Gabriel de plein fouet. En pleine fête aristocratique, l'homme sous le masque du sénateur McAllister, père célibataire qui avait amené son colocataire gay avec lui, monta sur le devant de la scène. Plus question de jouer la comédie. Il ne pouvait plus laisser seul cet homme exceptionnel qui l'avait façonné plus humain avec patience et douceur. L'ombre ne convenait pas à Romain. Il était la lumière. Lui seul avait gagné le droit de marcher aux côtés du sénateur autant qu'à ceux de l'homme. Ce que certains auraient qualifié de coup d'éclat stupide, était pour lui tout à fait normal...

Alors qu'un langoureux morceau démarrait sur le pont du navire, Gabriel emmena son compagnon sur la piste. Tout les regards se tournèrent dans leur direction, suivis d'un flot de murmures puis du crépitement des flashs des journalistes présents pour couvrir l'évènement.

Cet acte d'amour mit un terme à ses ambitions politiques. Poussé à la démission par ses pairs, Gabriel tint bon, sachant toutefois, qu'il lui serait impossible de renouveler son mandat une fois celui-ci arrivé à son terme. Il envisagea alors sa reconversion en tant que procureur. Après six années de législatif, le domaine judiciaire serait, un jour, son nouveau fer de lance.

Toujours est-il qu'il partagea les années suivantes entre la politique, les affaires et surtout sa vie de famille. Seul point noir à cet idyllique tableau : sa double vie menée dans l'ombre de l'Imperial Palace. Haut lieu du crime organisé. Le casino servait de couverture à la mafia. Deals, blanchiment d'argent, sevrage de filles destinées à la prostitution... Les pires atrocités se déroulaient, avec l'accord tacite du sénateur, derrière les murs de son casino.

Sans doute aurait-il pu allier la vie d'homme à celle du criminel éternellement. Sans doute. C'eut été trop beau. En pleine soirée de charité, alors que Gabriel rejoignait sa suite, il tomba nez à nez avec une fille. Le genre de fille camée et ligotée, qui avait du filer entre les doigts des mafieux locaux. Il s'empressa de traîner la malheureuse dans les couloirs afin de la remettre à ses propriétaires. Son timing était serré. Trop serré. Romain devait le rejoindre d'une minute à l'autre. C'est à cet instant que son mari le surprit en sortant de l'ascenseur. En quelques secondes tout s'écroula. Quand il y repensa plus tard, Gabriel conclut qu'il avait suffit d'un regard. Que ce regard, avait été le point de départ de la longue soirée qui détruirait son couple.

Ce fut en effet le début d'une longue descente aux enfers. Tant pour les deux hommes, que pour la malheureuse Gisela, qui avait croisé le chemin du sénateur. Une dispute violente éclata. Romain exigeait des explications. Qui était réellement Gabriel ? Un proxénète ? Un criminel ? La réponse qu'il obtint était bien loin de celle qu'il attendait...

13 AVRIL 2013.
A L'Imperial Palace. Miami.
Quelque chose se brisa dans le cerveau du sénateur. Le cran de sécurité qui le gardait assit là, sans bouger. D'un bond il fut sur lui. Volant son souffle, pillant son espace vitale.

« Qui je suis ? » souffla t-il le corps tout proche de celui de Romain, sans le toucher. « Je suis fait pour toi et toi pour moi. Je suis ton reflet dans le miroir. Tu protèges, je détruis. Je blesse, tu soignes. » Il ne se justifiait plus. Il affirmait. Il savait. Il voulait voir Romain laisser sa putain d'hypocrisie au placard. S'il voulait voir son vrai visage, il devait montrer le sien, l'admettre. Ils allaient ensembles. Dans le bien comme dans le mal. Romain pouvait jouer le dégouté. Il l'était sans doute, mais au moins autant que ça l'excitait.

« Et c'est précisément CA que tu aimes en moi ! Cette noirceur... qui te porte au septième ciel et qui te plonge en enfer la seconde d'après. N'est-ce pas mon amour ? » fit-il, le prenant par la taille. Ses yeux fouillaient sans pitié ceux de son amant à la recherche avide d'assentiment ou de négation. « Tapie dans mon âme, elle t'attire autant qu'elle te dégoute. Il n'y a que dans le sexe que tu acceptes de le reconnaître, mais tu as besoin de ça. Tout comme j'ai désespérément besoin de ta lumière pour me sentir vivant. » Sa voix chaude, passionnée, baissa d'un ton. Gabriel passa un doigt dans le nœud négligé de la ceinture de son peignoir pour le dénouer. Puis il fit glisser sa main le long de son nombril, de son torse et de son épaule d'où il fit tomber l'étoffe soyeuse, et avec, le reste du peignoir chuta à ses pieds dans un bruissement.

Il baissa les yeux sur le corps dénudé. Le brun brûlait de désir destructeur, charnel, sauvage. Brusquement, il l'attira de nouveau contre lui, scellant leur joute dans un corps à corps enfiévré. De sa main libre, il captura son visage, et l'embrassa. Il l'embrassa comme si le seul air respirable émanait de Romain. Comme si sa vie en dépendait. Et c'était le cas.
Le souffle court Gabriel relâcha enfin sa prise, suçant doucement le galbe de sa lèvre inférieure , il murmura contre sa bouche : « Tu es mon seul adversaire digne de ce nom. Tu m'as passé la corde au cou, c'est affreusement humiliant et c'est un délice. Un mot de toi, et je suis à tes pieds. Est-ce que tu as la moindre idée mon ange, d'à quel point je peux t'adorer ? » Un sourire ardent se dessina sur ses lèvres. Pour lui seul. juste parce que la pensée qu'il puisse tromper son ange était tellement risible et inappropriée. « Aucune pute ne t'arrive à la cheville. Je ne désire que toi. Je ferais n'importe quoi pour te plaire. »


Gabriel se heurta à un véritable mur. Romain lui tint tête, bravant l'autorité du sénateur qui perdit tout contrôle au fur et à mesure qu'il sentait Romain lui échapper. L'immunité que Romain possédait à l'encontre des coups de sang de son mari fut balayée. Ou peut-être était-ce cette immunité, cette peur irraisonnée de le perdre, qui poussa Gabriel à aller toujours plus loin. A exercer sur lui un contrôle total quitte à le garder de force auprès de lui. Tout était de sa faute ! Jamais ils n'en seraient arrivés là s'il ne s'était pas opposé à lui ! Jamais il n'aurait tranché le doigt de Gisela si Romain n'y avait pas glissé son alliance !

C'était le chaos. Et dans le tumulte, la jeune fille tenta de s'échapper. Gabriel eut juste le temps de tourner la tête pour voir Gisela se relever péniblement et commencer à s'enfuir. Au milieu de la brume d'émotions qui l'enivrait, une seule pensée émergea, vindicative, impérieuse.

Il ne pouvait pas la laisser s'échapper.

D'une balle, il la faucha en pleine course, sous le regard horrifié de Romain. Terrorisé, ce dernier le supplia d'arrêter, se débattit comme un lion pour échapper à Gabriel. Sans succès. Cette soirée macabre s'acheva par un sinistre viol conjugal qui scella la fin de cinq années de passion.

Aujourd'hui Gabriel se retrouve seul, car Romain s'est enfuit à New-York, loin de lui, en emmenant leur fils. Plus que jamais épris de lui, il a décidé de le rejoindre dans la grosse pomme pour le reconquérir et obtenir son pardon.

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